L'église
Notre-Dame de l'Assomption
de Bagnères-de-Luchon

 


Notre-Dame de l'Assomption, par V. Calvis,
peinture se trouvant au presbytère.

Histoire

Le mobilier

Les Vitraux

La chapelle St Bertrand

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 



L'actuelle église paroissiale de Bagnères-de-Luchon (Haute-Garonne) a remplacé en 1855
une petite collégiale romane édifiée vers le XIème siècle et remaniée à la Renaissance.

Depuis 1766 cette ancienne collégiale, siège d'un chapître d'une dizaine de chanoines qui disparaîtra en 1789,
est placée sous l'invocation de l'Assomption de la Vierge, vocable conservé depuis lors à la nouvelle église.

L'ancienne église était massive et d'exécution grossière. Ses fenêtres rares et petites comme des meutrières
la rendaient très sombre. L'espace intérieur occupé par 12 énormes piliers était exigü.
L'intérêt de cet édifice résidait dans son plan très original qui faisait d'elle la seule église dans le Comminges
à présenter des absides s'ouvrant latéralement et formant croisillons.

 


Des 12 énormes piliers de la collégiale il n'en subsiste
qu'un seul dans le nouvel édifice.

C'est celui qui se trouvait à droite
en entrant dans la collégiale.

Comme jadis, ce pilier supporte toujours le bénitier, et est
toujours le premier à droite en entrant dans l'église.

 

 


Ce portail a été remonté
dans la façade Nord lors des travaux
de construction de la nouvelle façade
en 1892.

Ce portail et un pilier dans l'église
sont les seuls vestiges de l'ancien édifice
qui demeurent de nos jours.


Le portail
de l'ancienne collégiale


D'un style gothique tardif,
mêlant des archaïsmes,
il semble dater dans son entier de l'année 1541.



 


Les deux bas-reliefs au dessus des voussures.



Saint-Pierre
tenant un aviron et la clef du Paradis.


Saint-Michel
terrassant le Dragon.

 




Les médaillons et les inscriptions de chaque côté du portail.


"In omnibus operis tuis MEMORARE NOVISSIMA tua
et IN ETERNUM NON PECCAVIS"

"Dans toutes tes oeuvres souviens-toi de la fin
et tu ne pêcheras jamais".




"DOMUS MEA DOMUS oratiIONIS VOCABITUR,
cunc tis populus".

"Ma maison sera appelée une maison
de prière pour tous tes peuples".
Ecclésiaste, Chapître VII, verset 40.    
Isaïe, Chapître 57, verset 7.     
   

Médaillon cordé portant la date de 1541


Médaillon portant le monogramme IHS
(abréviation de Jésus)


 

 

Vers le milieu du XIXème siècle la petite église de Luchon se révèle insuffisante
pour contenir le nombre toujours croissant de fidèles et de curistes
en rapport avec le développement de la ville.

A la suite de plusieurs visites pastorales, l'archevêque de Toulouse,
Monseigneur Paul d'ASTROS, demande formellement en 1840 au Conseil de Fabrique,
(l'assemblée de clercs et de laïcs chargée d'administrer les biens d'une église),
et à la Municipalité de faire édifier une nouvelle église qui soit vaste et lumineuse.
Cette demande est renforcée en 1844 par la présentation à la Municipalité
d'un Cahier de Doléance rédigé par le Conseil de Fabrique.

Il faudra cependant encore attendre plusieurs années pour que, Mairie et Préfecture
ayant donné leur assentiment, décision soit prise en 1847 de démolir la collégiale romane
pour rebâtir à la même place un édifice de plus grande capacité.

La direction des travaux est confiée à l'architecte palois Eugène LOUPOT,
né à Paris en 1812 et décédé à Luchon en 1901,
qui dessine une église dans un style indéfinissable, jadis appelé "romano-byzantin".
L 'entrepreneur luchonnais Bernard Estradère obtient l'adjudication des travaux.

Le 1er novembre 1847, jour le la Toussaint, la première pierre de la nouvelle église est bénie
par le curé de la paroisse, le chanoine Vidailhet, nouvellement nommé.

La construction commence à l'Est de l'ancien bâtiment, par ce qui deviendra le nouveau choeur,
ceci afin de ne pas interrompre les célébrations liturgiques qui continuent
et ne doivent pas s'arrêter à cause des travaux.

Le devis daté du 27 octobre 1848 indique un montant de près de 44.000 francs pour les
travaux initiaux. A cette somme la Fabrique ajoutera 4.000 francs pour la
construction d'une travée supplémentaire qui augmentera la surface de 90 m².

Le 29 juin 1849, soit deux ans après le début des travaux, le maire Charles Tron est informé
que le ministre de l'Intérieur a donné son accord pour le projet d'agrandissement !

Le 18 octobre 1850 le choeur est achevé et la première messe est célébrée sur le nouvel autel.
Les travaux de construction de la nef se poursuivent ensuite et pour réduire les frais,
l'architecte se sert de l'ancienne église comme échaffaudage
pour la construction du nouvel édifice.

Le 8 mars 1851 un contrat est signé entre la Ville et l'architecte Eugène Loupot.
Ce contrat prévoit un supplément de travaux de plus de 12.000 francs...

A la suite de mauvaises saisons et dans l'incapacité de trouver les fonds pour
la pousuite des travaux, Charles Tron, familier de la Cour impériale, sollicite l'aide
d'Achille Fould, ministre de la Maison de l'Empereur et ministre des Finances.
Il est probable que Napoléon III soit intervenu favorablement auprès de son ministre
pour qu'une somme de 6.000 francs parvienne à Luchon le 8 décembre 1854
afin de permettre l'achèvement de l'église.

En 1855 la nouvelle église est enfin achevée.
Elle est consacrée en présence du chanoine Vidailhet, par le Cardinal-Archevêque de Toulouse,
Monseigneur Jean-Marie MIOLAND (1788-1859)
Seule subsiste alors l'ancienne façade Ouest avec son portail Renaissance daté de 1541
et son clocher octogonal à 3 étages.

 

 

L'église entre 1855 et 1890 avec la nouvelle nef
mais encore l'ancien clocher.
Le nouveau sera construit entre 1891 et 1897. Photo prise vers 1889.

 

Réception des gymnastes
à leur retour du Concours International de Paris

15 Juin 1889

 

 

Le nouvel édifice est long de 50 m et large de 25m.
(L'ancienne collégiale était inscrite dans un carré de 28 m de côté, avec une hauteur sous voûte de 10,50m).

Sa nef unique sans piliers ni bas-côtés afin de permettre
à chaque fidèle de voir l'autel et le célébrant,
est large de 14m. Sa voûte en berceau s'élève à 18 mètres.

Cinq absides forment son chevet et sont un rappel des 9 absides
qui entouraient de la collégiale romane sur trois de ses côtés.

Au centre se trouve une grande abside avec le maître-autel encadrée
par deux absidioles latérales et des autels secondaires.
Les deux absidioles extrêmes, cachées au regard quand on se tient dans la nef,
correspondent à la salle de catéchisme au Nord et à la sacristie au Sud.



La nef unique sans bas-côtés.
Les chapelles latérales ont été créées à l'extérieur, entre les contre-forts.

Sur la tribune : le grand-orgue Aristide Cavaillé-Coll,
construit en 1865 dans un buffet en chêne daté de 1780, a été installé en 1870.




 

 

 

 

  Le chevet de l'église avec l'abside centrale
  et les deux absidioles méridionnales.

 

 

 

La nouvelle église de 1855 parue toujours inachevée avec sa vieille façade romane.
En 1890 le clocher menaçant de s'effondrer, le Conseil de Fabrique décide
de compléter l'édifice et d'achever les travaux initiés plus de quarante ans auparavant.

Le 25 février 1890 la Fabrique et le Conseil Municipal acceptent
le budget d'agrandissement présenté par l'architecte Eugène Loupot.
Le projet de façade initial de l'architecte prévoyait deux tours symétriques mais
il sera refusé par le Ministre de l'Intérieur, qui fera savoir "qu'une façade entourée
de deux tours ne pouvait se concevoir que pour les cathédrales, ce qui n'est pas
le cas de Bagnères-de-Luchon"
. Les tensions qui amèneront à la Loi
de séparation des Eglises et de l'Etat de 1905 sont déjà palpables...

L'agrandissement de l'église est jugé d'autant plus nécessaire que
depuis l'arrivée du chemin de fer à Luchon en 1873, le nombre de touristes
et de curistes est passé de 5.000 à plus de 50.000 par saison estivale.
Le nouveau projet permettra d'alonger l'édifice vers l'Ouest de 3,50m
et ainsi d'agmenter le nombre de places assises d'une centaine.

Il est prévu d'effectuer les travaux en deux parties.
Les fonds nécessaires à la réalisation de la première partie étant disponibles,
les travaux commencent le 9 Août 1891.
Ils doivent s'arrêter en 1894 car les caisses sont vides pour entamer la seconde partie...
Ni le Conseil Municipal, ni le Conseil Général, ni le Ministère de l'Intérieur,
ni les fidèles ne peuvent ou ne veulent alors donner les fonds nécessaires.

Il faudra attendre 1897 pour que la nouvelle façade soit achevée
avec son unique tour carrée de 30 mètres, non surmontée d'une flèche.
.

L'église en totalité, avec l'ensemble de son décor, a été classée
à l'Inventaire des Monuments Historiques par arrêté du 24 Juillet 2013.

Le grand-orgue Aristide Cavaillé-Coll (1870) a été classé
Monument Historique en Décembre 2012.


Le projet initial de 1890...


...et la réalisation de 1897.

 

 

 

Plans de l'ancienne collégiale et de la nouvelle église de Loupot (1897)
Ces deux plans ne sont pas à la même échelle mais le pilier conservé (en rouge)
permet d'apprécier l'évolution de l'édifice.
Dans son esprit, le plan du choeur de la nouvelle église reprend celui de la collégiale .

L'observateur attentif remarquera qu'en raison de la différence
de taille entre les deux tours, la tribune de l'orgue
n'est pas perpendiculaire à la nef.

 



A partir du cadastre de 1837, représentation de
la collégiale (A) enveloppée dans nouvelle église (B)
totalement achevée en 1897.

(Croquis d'après Robert Gavelle)

Le percement de l'avenue Carnot en 1882 puis le dégagement de la place Joffre en 1896
ont restructuré l'environnement de la nouvelle église.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


 

Le mobilier

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Dans le choeur, les douze stalles du XVIIIème siècle proviennent de l'ancienne collégiale,
ainsi que la cuve baptismale.
 

 

 

 

Les trois autels et la chaire sont l'oeuvre du célèbre
maître-marbier Aimé GERUZET de Bagnères-de-Bigorre
et exécutés en marbre de Saint-Béat.

 

 


Erection du Chemin de la Croix
29 Octobre 1937

 

 

Je soussigné curé-doyen de la paroisse de Bagnères-de-Luchon,

Vu l’autorisation d’ériger, dans la paroisse de Bagnères-de-Luchon, le Chemin de la Croix
ciselé sur aggloméré de pierre par Monsieur Firmin Michelet 1er Prix de Rome, et accordée par Monseigneur Saliège,
archevêque de Toulouse, en date du 20 octobre 1937,

Vu l’ordonnance archiépiscopale par laquelle Monseigneur, en vertu d’un indult apostolique en date du 15 février 1929,
me communique la faculté de procéder à cette érection, de bénir les tableaux et croix des stations
et d’y attacher toutes les indulgences accordées par les Souverains Pontifes,

Ai érigé et béni aujourd’hui 29 octobre 1937, dans l’église de Bagnères-de-Luchon, en présence des témoins soussignés,
les stations du Chemin de la Croix, avec les formalités et cérémonies requides par la Sacrée Congrégation des Indulgences
en date du 10 mai 1742, au cours d’une cérémonie qui s’est achevée par le pieux Exercice du Chemin de la Croix
prêché par le Révérend Père Louis de Gonzague O.M.C.

En foi de quoi, j’ai dressé le présent procès-verbal entièrement écrit de ma main, le 29 octobre 1937.
Fait à Bagnères-de-Luchon le 29 octobre 1937.

Signés :

F. Lordat, curé-doyen
fr Louis de Gonzague, o m cap.
Jean Barruès, Vicaire
B. Oustay, Vicaire


 

 

1e Station

Jésus est condamné à mort.


2e Station

Jésus est chargé de sa croix.


3e Station

Jésus tombe
pour la première fois.


4e Station

Jésus rencontre sa mère.


5e Station

Simon de Cyrène aide
Jésus à porter sa croix.


6e Station

Véronique
essuie la face de Jésus.


7e Station

Jésus tombe
pour la seconde fois.


8e Station

Jésus console
les filles de Jérusalem.


9e Station

Jésus tombe
pour la troisième fois.


10e Station

Jésus est dépouillé
de ses vêtements.


11e Station

Jésus est crucifié.


12e Station

Jésus meurt sur la croix.


13e Station

Jésus est descendu de
la croix et remis à sa mère.


14e Station

Jésus est mis
dans le sépulcre.

 

 

 

 

Plaque commémorative apposée dans la Chapelle des Héros Luchonnais

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

LES VITRAUX

 

Les vitraux du choeur ont été réalisés par le peintre-verrier
Claude-Ernest LAMI de NOZAN (1801-1877) en 1850.

Absidiole de gauche :
Jésus baptisé par St Jean-Baptiste (1850)

Absidiole de droite : le vitrail "Le Couronnement de Marie" a été remplacé
en 1867 par celui réalisé par l'atelier GOUSSARD Frères, maîtres-verriers
à Condom, dans le Gers, représentant "Sainte Germaine de Pibrac",
jeune bergère du XVIIème siècle, canonisée en juin 1867.

 

Abside centrale :


Les quatre évangélistes, avec leurs attributs, encadrent Jésus (l'alpha et l'oméga).



Luc et le taureau,     Mathieu et l'ange,                                          Marc et le lion,      Jean et l'aigle .

 

 

 

Chapelles du Midi :

Episodes de la vie de St Bertrand

Chapelle du Sacré Coeur

Jésus dévoilant son Sacré Coeur
à Ste Marguerite-Marie Alacoque
-1892-

St Joseph portant l'Enfant Jésus
et le lys, symbole de la pureté mariale.

 

 


Au dessus du portail Nord, vitrail biblique représentant les 3 vertus théologales :
la Foi, la Charité et l'Espérance.

En médaillons :
Judith, David, Moïse, Salomon et Suzanne.

- 1867 -

 

 

Gros plan sur les trois Vertus du vitrail

FIDES SALVAT : La Foi sauve.
GRATIA PREMIO FOVET : La Grâce favorise la récompense.
SPES SOLATUR : L'Espérance réconforte.

 

 

Chapelles du Nord :

Saint François d'Assise
recevant les Stigmates.

Chapelle du Rosaire

Saint Joachim
1875

Sainte Anne
1875

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Erection de la chapelle consacrée à Saint-Bertrand-de-Comminges,

ou la longue histoire du legs Sarthe-Sarrivatet.

d’après les comptes rendus du registre des délibérations du Conseil de Fabrique.

 

Bertrand Edmond Sarthe-Sarrivatet , magistrat, est né à Bagnères-de-Luchon le 16 octobre 1827.
Il épouse à Toulouse le 21 septembre 1868 Marie Aline Berthe Vidal, qui y née le 24 février 1846.
Il décède en 1891 à l'âge de 64 ans.  Sa veuve en a alors 45.

 

 



3 Juillet 1892


M. le Curé donne lecture d’un extrait du testament olographe de M. Edmond Sarthe-Sarrivatet, envoyé par Me Lansac, notaire à Toulouse et ainsi conçu :

« Je donne et lègue à la Fabrique de l’église de Bagnères-de-Luchon la nue-propriété du terrain que je possède à Bagnères-de-Luchon au quartier de l’Allée des Bains
et sur lequel sont établies les boutiques du Sieur Alexandre, du Sieur Roussin, du Sieur Largemain et du Sieur Selie.
Je donne et lègue l’usufruit de ce terrain à ma femme pendant toute sa vie ; à sa mort la Fabrique prendra possession de ce terrain
et devra l’employer à y construire une chapelle qui portera le nom de de chapelle St Bertrand.
Si la Fabrique de Luchon à la mort de ma femme n’a pas les ressources nécessaires pour construire ladite chapelle, les revenus dudit terrain seront placés et capitalisés
jusqu’à ce qu’ils soient suffisants pour parer aux frais de construction de ladite chapelle ».


Le Conseil est obligé de reconnaitre que les clauses de ce testament, en ce qui concerne la Fabrique, sont très onéreuses ;
et pour des raisons qui seront plus tard présentées à l’autorité compétente, s’il y a lieu, il lui semble impossible d’accepter ce legs dans la forme où il est conçu.
Cependant, avant de prendre une décision ferme, il prie M. le curé de voir avec Mme Sarthe s’il ne serait pas possible de trouver une solution qui,
tout en respectant les désirs de M. Sarthe dans la mesure du possible, serait acceptable pour la Fabrique.



2 Octobre 1892

M. le curé, après avoir rendu compte des démarches qu’il a faites auprès de Mme Sarthe, selon les désirs du Conseil, et qui n’ont abouti à aucun résultat,
donne de nouveau lecture de l’extrait du testament Sarthe-Sarrivatet relatif au legs fait à la Fabrique de Luchon
(voir la copie de cet extrait au compte-rendu de la séance précédente).

Le Conseil délibère :

Considérant que l’église paroissiale, maintenant agrandie, est largement suffisante, soit en temps ordinaire soit pendant la saison thermale,
que cette église est très heureusement située au centre de la paroisse,
à 8 ou dix minutes à peines des quartiers les plus éloignés (cinq ou six maisons exceptées) ;
qu’en outre il existe en ville, aux quatre extrémités opposées, quatre chapelle ouvertes au public ;
et que, dans ces conditions le besoin d’une nouvelle église ou chapelle ne peut vraiment pas se faire sentir,

Considérant qu’au lieu d’être utile une nouvelle chapelle créerait une division regrettable au sein de la paroisse qui souffre déjà,
surtout sous le rapport de l’instruction religieuse, de cette multiplicité d’oratoires publics ou quasi-publics ;

Considérant, à un autre point de vue, que dans l’état actuel des choses, un assez grand nombre d’étrangers, pour ne pas s’éloigner de l’église,
prennent leur logement dans les quartiers de la ville les moins bien partagés d’ailleurs et cependant les plus dignes d’intérêt,
et que bâtir une chapelle dans l’Allée des Bains ce serait travailler contre le vœu à peu près unanime de la population,
à faire la solitude dans le vrai Luchon en favorisant encore le mouvement qui porte la colonie étrangère du côté de l’Etablissement thermal, des Quinconces et du Casino.

Considérant que le terrain légué à la Fabrique et dont le revenu annuel est de 1800 à 2000 francs peut être évalué à vraie valeur approximativement à 40.000 francs ;
que par suite la Fabrique aurait des frais considérables, frais qu’elle ne pourrait payer actuellement qu’à l’aide d’un emprunt,
ses ressources étant absorbées, et au-delà, par les travaux d’achèvement de l’église paroissiale,

Considérant que le service de cette chapelle, après sa construction, exigerait impérieusement un troisième vicaire,
et demanderait tout un personnel et tout un matériel autres que ceux de l’église paroissiale ;
que ce service deviendrait par conséquent, de ce double chef, une charge très lourde pour la Fabrique ;

Considérant que ce legs a été fait sous réserve d’usufruit en faveur de Mme Sarthe, encore relativement jeune ;
Qu’à la mort de Mme Sarthe il faudrait, pendant de longues années, placer et capitaliser les revenus du terrain pour réaliser la somme nécessaire à la construction de la chapelle ;
Que par suite cette chapelle ne pourrait en aucun cas être construite que dans un avenir fort éloigné ;
et considérant que dans ce laps de temps, des changements de tout genre peuvent survenir, de nouvelles difficultés se produire ;
qu’il y aurait, par conséquent, imprudence manifeste à léguer à la Fabrique, pour une époque si éloignée,
une obligation certaine qu’il ne serait peut-être pas possible de remplir alors sans de très graves inconvénients ;

Considérant que, il y a quelques années, un autre terrain avait été donné dans le même but, mais à des conditions bien moins onéreuses ;
que néanmoins la Fabrique, après avoir pris conseil de son E. le cardinal de Toulouse, crut devoir refuser ce terrain ; et qu’il n’y a certes aucune raison d’agir autrement aujourd’hui ;

Pour ces motifs, le Conseil, rendant un hommage reconnaissant aux intentions généreuses de M. Sarthe-Sarrivatet, comptant d’ailleurs que Mme Vve Sarthe,
restée propriétaire du terrain, saura, en faisant du bien à la paroisse d’une autre manière, réaliser quant au fond le désir de son très regretté mari,
Décide à l’unanimité, quoiqu’à regret, qu’il y a lieu de ne pas accepter des clauses testamentaires qui,
sans présenter aucun avantage réel, grèveraient la Fabrique de charges très considérables,
et il donne mission à M. le Trésorier de faire les démarches légales nécessaires pour obtenir l’autorisation de refuser ledit legs.



9 Avril 1893

M. le Curé donne communication d’une lettre de l’Administration diocésaine relatif à la délibération en date du 2 octobre 1892,
par laquelle le Conseil demandait l’autorisation de renoncer au legs Sarthe-Sarrivatet.
L’Administration diocésaine fait connaitre que des sursis ont été accordés par le Conseil d’Etat quand on a exposé des motifs de ne pas accepter dans le moment,
et des motifs de réserver l’avenir à cause des changements qu’il peut amener, et elle pense qu’il serait bon de formuler une demande en ce sens.
Le Conseil adopte la manière de voir de l’archevêché, se référant à sa délibération du 8 octobre 92, il est toujours d’avis que le legs Sarthe-Sarrivatet est inacceptable aujourd’hui.
Considérant néanmoins que l’usufruit, comme il a été dit, peut durer très longtemps ;
et considérant que dans une station thermale comme Luchon il se produira très probablement, durant ce long intervalle,
des changements dont il est impossible de prévoir en ce moment la nature et l’importance,
mais qui pourront avoir pour effet de rendre avantageux pour la Fabrique un legs si onéreux aujourd’hui ;

Pour ces motifs, le Conseil estime que s’il n’est pas possible d’accepter le legs Sarthe-Sarrivatet,
il est bon néanmoins, dans l’intérêt de la paroisse, de ne pas le répudier d’une manière absolue en ce moment, et de réserver l’avenir.
Il décide en conséquence, qu’il y a lieu de demander un sursis
qui permette à la Fabrique de ne pas se prononcer définitivement sur l’acceptation ou la non-acceptation dudit legs qu’au moment où l’usufruit cessera.

1er Avril 1894

M. le Curé-doyen donne lecture de la lettre de M. le Préfet de la Hte Garonne, en date du 12 Février dernier,
transmissive d’instructions de M. le Ministre des Cultes à l’occasion du legs Sarthe-Sarrivatet.
Ces instructions se résument en une invitation pressante d’avoir immédiatement à se décider pour l’acceptation ou la renonciation dudit legs.
Le seul motif allégué de cette urgence est le préjudice grave que porterait un plus long retard aux héritiers du testateur.
Le Conseil délibère :
Attendu que la légataire universelle de M. Sarthe-Sarrivatet est sa veuve relativement jeune ; qu’elle est sans enfants, et sans autres héritiers réservataires ;
qu’elle n’a peut-être même pas d’héritiers à un degré successible ; qu’elle est fort riche ;
et qu’elle retire du terrain, légué sous condition, en nue-propriété à la Fabrique, un revenu net d’au moins 5% l’an,
ce qui constitue en ces temps de dépréciation de toutes les valeurs, un placement fort avantageux ;

Attendu que le terrain dont il s’agit est complètement distinct du reste de l’héritage
et que l’action de la légataire universelle ne saurait en quoi que ce soit être gênée par le sursis sollicité ;

Attendu, au contraire, qu’un legs de l’espèce ne pourrait se présenter, semble-t-il, dans de meilleures conditions pour être fait l’objet d’un sursis de faveur ;

Attendu qu’une acceptation immédiate entraînerait pour la Fabrique une dépense considérable, en dehors de toute proportion avec ses ressources actuelles ;

Attendu que le legs, objet de la présente délibération, peut offrir, à un moment qui ne saurait être aujourd’hui déterminé, des avantages considérables,
et que des lors le Conseil doit se faire un rigoureux devoir de réserver l’avenir ;

Attendu, d’un autre côté, que l’Etat est le protecteur naturel de tout établissement public vis-à-vis duquel il exerce la tutelle légale ;

Attendu qu’en ce cas de l’espèce il est dans ses errements de donner presque toujours des suites favorables aux demandes qui lui sont soumises,
et qu’un refus en l’occurrence serait une exception qui paraîtrait au Conseil fort rigoureuse ;

Par ces motifs, le Conseil a décidé à l’unanimité qu’il y avait lieu de présenter à nouveau à M. le Ministre des Cultes
de respectueuses et de plus pressantes instances en vue d’être autorisé à sursoir, pour un délai indéterminé,
à une acceptation ou à une renonciation d’un legs en nue-propriété fait à la Fabrique par M. Sarthe-Sarrivatet, ancien magistrat, originaire de Luchon.

 


24 Novembre 1895

M. le Président donne connaissance d’une dépêche très pressante de M. le Ministre des Cultes
mettant le Conseil en demeure de se prononcer sur l’acceptation ou le refus du legs Sarthe-Sarrivatet.

Le Conseil délibère :
Après avoir attendu longtemps, mais en vain, que la légataire voulut chercher, de concert avec la Fabrique,
un arrangement de manière à réaliser véritablement le vœu du très regretté Sarthe-Sarrivatet,
vœu qui était, à n’en pas douter, de faire du bien à la paroisse de Bagnères-de-Luchon dont ledit Sarthe-Sarrivatet était fabricien.

Après avoir fait tout ce qui était en son pouvoir, mais encore en vain, pour obtenir un sursis
qui aurait permis de sauvegarder pleinement les intérêts de la paroisse en réservant l’avenir et,
ce qui parait de toute évidence, sans causer aux héritiers un préjudice quelconque ; le Conseil obligé de prendre, bien malgré lui, une décision définitive,

Considérant que la Fabrique, vu l’âge de la légataire, ne sera vraisemblablement pas apelée de longtemps à entrer en possession du terrain Sarthe-Sarrivatet,
qu’après la possession, il faudra, pendant un grand nombre d’années, capitaliser les revenus dudit terrain et que,
en conséquence, la chapelle en question ne pourra être bâtie qu’à une époque très éloignée ;

Considérant que, dans ce laps de temps, la population du quartier des Bains pourra devenir beaucoup plus considérable et que,
en ce cas, la chapelle aujourd’hui sans utilité, aura sa raison d’être,

Considérant, d’un autre côté, que tous les droits de mutation ont été payés par la légataire qui en fait abandon à la Fabrique
(dépêche de M. le Ministre des Cultes en date du 20 juin 1895)
comptant en outre que la légataire voudra encore prendre à sa charge les frais de toute sorte, tels qu’actes notariés, expertises etc, etc
ainsi que les impôts de toute nature, présents et à venir, de telle sorte que l’acceptation dudit legs ne pourra, sous aucun prétexte,
entrainer pour la Fabrique absolument aucune dépense ni actuellement ni plus tard tant que durera l’usufruit.

Pour ces raisons et à ces conditions seulement, le Conseil décide à l’unanimité qu’il y a lieu d’accepter le legs Sarthe-Sarrivatet.


4 Octobre 1896

M. le Président invite le Conseil à prendre une décision définitive au sujet du legs Sarthe-Sarrivatet donnant à la Fabrique,
pour servir plus tard à la construction d’une chapelle, la nue-propriété d’un terrain situé sur l’Allée des Bains, à Luchon.

Le Conseil délibère :
Vu la lettre de M. le Ministre des Cultes, en date du 20 juin 1895,
faisant connaitre que « les droits de mutation ont été payés par la légataire qui en a fait abandon à l’établissement ecclésiastique »
ce qui diminue d’autant les charges de la Fabrique ;

Considérant que le quartier des Bains est un peu éloigné de l’église paroissiale et qu’une chapelle dans ce quartier peut être d’une utilité réelle,
surtout pendant la saison thermale, particulièrement pour les employés de l’établissement et pour les baigneurs malades ou infirmes ;

Considérant que la Fabrique ne sera appelée à prendre possession du terrain légué qu’après le décès de Mme Sarthe,
qu’elle devra ensuite, pour parer aux frais de construction, capitaliser les revenus dudit terrain pendant un certain nombre d’années
et que la susdite chapelle ne devra être bâtie qu’à une époque assez éloignée,

mais considérant que, pendant ce laps de temps, la population de ce quartier,
selon toute vraisemblance, ira sans cesse en augmentant, de telle façon que la chapelle sera devenue plus utile encore.

Par ces motifs, le Conseil, à l’unanimité, est d’avis qu’il y a lieu d’accepter le legs Sarthe-Sarrivatet
et il décide que, en vue d’obtenir l’autorisation nécessaire, toutes les pièces réglementaires seront réunies par les soins de M. le Trésorier
et le dossier sera envoyé, sans aucun retard, à l’autorité compétente.


1er Février 1903

M. Aumont, Trésorier, informe le Conseil que l’Administration a imposé la Fabrique pour le legs Sarthe-Sarrivatet

1°) de 14fr23 pour droits de mainmorte, au lieu de 0fr54 centimes payés précédemment
2°) de 58fr29 pour impôt foncier (au titre de propriété bâtie) au lieu de 2fr04 payés jusqu’à ce jour au titre de propriété non bâtie.

Le Conseil délibère et décide à l’unanimité qu’il y a lieu de présenter à qui de droit,
par l’intermédiaire de M. le S/Préfet de l’arrondissement une demande de dégrèvement total de ces deux sommes.

Il faut, en effet, remarquer :
- Que, en acceptant le legs Sarthe-Sarrivatet, la Fabrique n’a accepté en nue-propriété que le terrain seul et non les baraques qui y sont installées ;
- Que la veuve du donateur usufruitière de tous ses biens jouit, seule, des ressources de ces baraques ;
- Que l’impôt de mainmorte de 14fr23 est appliqué pour 1902, par amortissement du 25 janvier 1903 par effet rétroactif
et alors que la Fabrique a déjà payé, pour ce même impôt et cette même année 1902, une somme de 2fr04.

Etant donné ce qui précède,
le Conseil charge M. le Trésorier d’adresser à l’Administration intéressée la demande de dégrèvement votée dans la présente réunion.

 



24 Mai 1930

Monsieur le Curé rappelle ensuite que le legs de Monsieur Sarthe-Sarrivatet fait à la Fabrique a été attribué à l’hôpital thermal.
Le Conseil paroissial n’ayant aucune existence légale n’a été appelé à donner ni son avis ni son approbation.

Le Conseil municipal et le Conseil d’administration de l’hôpital ont dû accepter l’attribution,
mais ils ne l’ont fait qu’en cédant à la force majeure et après avoir obtenu de l’archevêque,
sinon l’approbation formelle, du moins l’assurance que la conscience des conseillers municipaux
et des administrateurs de l’hôpital n’était nullement engagé dans l’attribution faite à l’hôpital.


30 Avril 1950

M. le Curé informe ensuite le Conseil paroissial du projet de mise en vente du terrain Sarthe-Sarrivatet
par l’Association Diocésaine de Toulouse qui en est propriétaire légal pour le compte de la paroisse de Luchon.

A ce sujet, il rappelle brièvement l’historique de ce legs pieux, son acceptation en 1896 par la Fabrique sur les instances du Ministre des Cultes,
son transfert aux Domaines en 1906, en exécution de la Loi de séparation,
sa restitution à l’Association Diocésaine en janvier 1945,
l’indult de Rome, en date du 5 Mai 1947, autorisant la paroisse :
1° à remplacer la construction sur le terrain Sarthe-Sarrivatet par l’érection, en l’église paroissiale, d’une chapelle dédiée à St Bertrand de Comminges demandée par le légataire,
2° à vendre ledit terrain pour couvrir les frais de l’érection de la chapelle : « le solde non employé pourra être utilisé selon les besoins de la paroisse…
(œuvres d’enseignement, d’action catholique, de sanctification, de bienfaisance,…) sous le contrôle de l’Ordinaire… ».

Le Conseil paroissial sera tenu au courant de l’évolution de ce projet de vente.


27 Octobre 1950

Monsieur le Curé a fait l’exposé d’une proposition de vente du dit terrain faite par Me Rémy Comet, notaire à Luchon,
autorisé par l’Association diocésaine à cette fin, et dont voici les phases principales.

« Proposition d’achat par mains de Me R. Comet, notaire à Bagnères-de-Luchon.

L’Association Diocésaine est propriétaire d’un terrain situé à Bagnères-de-Luchon, Allée des Bains,
d’une surface après arpentage de mille deux cent quarante six mètres carrés environ (1246)
limité et confronté au Sud par la dite Allée des Bains, à l’Est par la propriété Moguès, au Nord par l’impasse de la Treillette,
et à l’Ouest par la maison Fadeuilhe, Hôtel des Quinconces, Hôtel d’Etigny et annexe de ce dernier.

Il est prévu à l’Est de ce terrain, l’établissement d’un passage ayant trois mètres cinquante de large (3m50)
pour réunir l’impasse de la Treillette à l’Allée des Bains, soit une surface d’environ cent soixante mètres carrés (160 m²)
compte-tenu d’un léger décrochement de la ligne séparative d’avec la propriété Moguès,
laquelle surface sera acquise par la ville de Luchon.

Le terrain proprement dit a donc une surface de l’ordre de mille quatre vingt mètres carrés (1080 m²).

Ayant pris connaissance de cette situation, les soussignés :
Monsieur Jean Estoup, industriel demeurant à Luchon, d’une part ;
Et Madame veuve Rose Lafon et Monsieur Jean Lafon, hôteliers demeurant à Luchon, d’autre part,
Déclarent être acquéreurs solidaires du dit terrain, après déduction du dit passage projeté, soit d’une surface de l’ordre de mille quatre vingt mètres carrés,
quelle que soit d’ailleurs cette surface et ce au prix global et forfaitaire de deux millions de francs (2.000.000)
qui sera versé comptant lors de la transformation des présentes en acte authentique par les soins de Me Comet,
notaire à Luchon, qui devra intervenir dans un délai de un mois.

Les acquéreurs prendront le dit terrain tel qu’il est désigné ci-dessus dans son état actuel, sans garantie d’aucune sorte,
déclarant le bien connaitre et faire leur affaire personnelle de toutes les difficultés qui pourraient être soulevées,
telles que défaut de contenance, existence de servitudes, état du sol ou du sous-sol.

Fait à Luchon le 28 septembre 1950.

Lu et approuvé, signé : Vve R. Lafon
Lu et approuvé, signé : J. Estoup
Lu et approuvé, signé : J. Lafon »


En date du 3 octobre, Son Eminence le Cardinal Saliège communiquait le texte de cette « proposition d’achat »
à Monsieur le curé de Luchon avec cette suscription : « Je serai content d’avoir votre avis. »
Dans sa réponse, le curé de Luchon, tout en déclarant la vente bonne, faisait des réserves sur cette vente à huis clos
et suggérait une certaine publicité de manière à provoquer une surenchère.

En date du 6 octobre, dans une lettre privée, Me R. Comet informait succinctement le curé de Luchon de ses démarches et ajoutait :
« Partant pour Armon, porter les enfants, je vous envoie ce mot pour vous tenir au courant, mais je vous verrai dès mon retour. »
A ce jour, la visite annoncée n’est pas encore faite.

Entre temps, le Conseil municipal de Luchon, dans sa séance publique du 4 octobre votait à l’unanimité le principe d’achat de la bande de terrain
de 3 mètres 50 de large pour unir l’impasse de la Treillette à l’Allées des Bains, mais dont le prix serait fixé par l’Administration des Domaines.

Oralement et par écrit – notamment le 15 octobre par une lettre à Son Eminence –
M. le curé de Luchon a insisté sur les avantages à ne pas précipiter la vente et à provoquer, si possible, une surenchère.

Le samedi 21 octobre, à Montréjeau, à l’occasion de la réunion annuelle de l’Amicale des Anciens Elèves et Amis du Petit Séminaire de Polignan,
il renouvelait ses instances à Son Eminence le Cardinal Saliège et lui annonçait la réunion du Conseil paroissial, lequel avait droit à émettre son avis.
Tout fut approuvé et même encouragé.

Néanmoins, le 26 octobre, M. le curé de Luchon recevait la lettre dont voici la copie :

« J’ai communiqué à Maître Cangardel vos réflexions.
Il est convenu que la vente est faite sans garantie, d’une part. D’autre part Me Cangardel estime que l’affaire est bonne et que la mise en vente est assez connue.
Dans ces conditions j’ai signé.

Recevez……

Signé : + Jules Card. Saliège
Archevêque de Toulouse »

Après délibération et réflexions prolongées, le Conseil paroissial :

1°) Prend acte respectueusement de la signature de la « proposition de vente » par Son Eminence le Cardinal Saliège, et la déclare « bonne ».

2°) Estime néanmoins que l’affirmation « la mise en vente est assez connue » n’est pas justifiable, que la mise en vente, en réalité, s’est faite à huis clos,
et il regrette qu’elle n’ait pas eu lieu, au moins « en chambre de notaire » par simple affiche de manière à provoquer, si possible, une surenchère.

3°) Emet le vœu que la proposition de vente ne soit transformée en acte authentique de vente
qu’après l’acte légal d’achat par la ville de Luchon de la bande de terrain de 3m50 de large destiné à relier l’Allée des Bains à l’impasse de la Treillette.
Si la ville de Luchon ne réalisait pas l’achat ou si ses conditions étaient inacceptables,
la bande de terrain qui représente 160 m² risquerait fort de ne trouver aucun acquéreur et serait une charge pour l’impôt, autant qu’une source d’ennuis et difficultés.
Cette réserve parait justifiée par le passage suivant de la « proposition de mise en vente » :
« …déclarent être acheteurs solidaires du dit terrain, après déduction du dit passage projeté…. »


20 Février 1952
Erection de la chapelle de Saint-Bertrand de Comminges

En avril 1951, l’exécution du projet fut confiée au R. Père Odilon O.S.B. de l’abbaye d’En Calcat,
dont le talent et la réputation font autorité dans le Sud-Ouest.

En parfait accord avec le Conseil paroissial, le curé de Luchon demanda que la chapelle,
tout en sacrifiant au style religieux d’inspiration actuelle, s’harmonisât avec l’ensemble de l’église paroissiale.
Dans cet esprit, il suggéra notamment qu’au centre du nouveau vitrail fut placé le magnifique panorama de St Bertrand avec sa cathédrale.
Il demanda surtout que fut soumis le projet à l’échelle tant du vitrail que de l’autel
et de la statue de St Bertrand, en bois doré (feuille d’or polie à la corne d’agate) et le devis de l’ensemble des travaux.

En réalité, le R. Père Odilon s’affirma très personnel dans toutes ses conceptions.
Il soumit des dessins du vitrail actuel, mais non tirés à l’échelle.
Il accepta de mauvaise grâce et en partie seulement des modifications.
Il se révéla de plus en plus – comme il le dit dans une lettre datée du 7 mai (Voir le dossier conservé dans les Archives de la paroisse)
le « chef d’orchestre » qui veut être obéi. « Dans toute œuvre, il faut un chef d’orchestre.
Vous m’avez choisi pour ce rôle ingrat. Je bats la mesure. Il faut que les instruments suivent pour obtenir l’harmonie. »


Aux instances de plus en plus pressantes du curé de Luchon pour obtenir le plan à l’échelle et le devis
qui obligatoirement doivent être soumis à l’approbation de la Commission diocésaine d’Art Sacré (voir notamment ma lettre du 11 mai)
le R. Père Odilon répondit par ce refrain invarié : « J’ai l’approbation enthousiaste du Cardinal. »

Et le lundi 18 juin, il m’envoyait les fils du maître-verrier Echariez 19, cours Dillon, Toulouse – poser le vitrail.



Discuté, critiqué même par les uns, ce vitrail a des qualités reconnues par d’autres.
Volontiers, je me range parmi ces derniers, tout en regrettant certains anachronismes tel que le plan de la cathédrale étudié par St Bertrand
et qui ne pouvait être conçu en style gothique qui n’était pas encore né, et certains détails peu harmonieux : v.g. St Bertrand dans sa gloire…etc…etc…

Néanmoins, devant cette manière forte, le curé de Luchon crut de son devoir d’exiger du R. P. Odilon, le projet à l’échelle et le devis pour le reste des travaux.
Quelques jours après d’ailleurs – le 15 juillet – une note paraissait dans la « Semaine Catholique »
pour rappeler que le recours à la Commission Diocésaine d’Art Sacré était obligatoire.
Communication en fut faite au R. Père Odilon.
Le 26 juillet il répondait :
« Votre dernière lettre m’oblige à mon très grand regret à ne pouvoir continuer à vous donner ma collaboration pour les travaux demandés ».

Son désistement devait être accepté logiquement.
Tout fut arrêté par le solde d’une facture de frs 120.860 par l’Association Diocésaine au nom de la paroisse de Luchon, le 22 août 1951.

Après de laborieuses recherches, le projet a été repris et confié à M. Henri Blattès, sculpteur et à M. Pesando, marbrier, tous deux à Nice.
Ce projet tiré à l’échelle et accompagné d’un devis précis, est soumis aujourd’hui à l’examen du Conseil Paroissial,
avant d’être présenté à la Commission d’Art Sacré.

M. Blattès est un sculpteur de talent. Sa statue de St Dominique sur un bloc d’acajou de 2 mètres de hauteur est une œuvre remarquable
qui lui attire des admirateurs nombreux, à la chapelle des Dominicains de Nice.
Son principal mérite est de reproduire, d’après un masque mortuaire, le vrai visage de St Dominique.
M. Blattès nous propose une statue de St Bertrand sculpté sur bois exotique d’avodiré.



M. Pesando nous soumet le plan et le devis de l’autel en pierre de travertin, utilisé surtout pour le style Roman.



Le Conseil Paroissial approuve l’ensemble, mais subordonne sa ratification définitive à la décision de la Commission d’Art Sacré.
Il se réunira à nouveau pour le règlement définitif.

Lettre de l’abbé Laffargue du 12 mai 1952.

 

 


21 Juin 1953

La cérémonie d’inauguration avait eu lieu le mardi de Pentecôte, 26 mai 1953
sous la présidence de Son Eminence le Cardinal J. G. Saliège, archevêque de Toulouse.
Son Excellence Monseigneur Garrone, archevêque-coadjuteur de Toulouse, assisté par M. le chanoine Cabaussel directeur au Grand Séminaire.
Monsieur le chanoine Martimort, directeur du Centre de Pastorale Liturgique, dirigeait et expliquait la cérémonie du haut de la chaire.
Il était aidé, pour le déroulement des cérémonies, par M. l’abbé Laffargue, aumônier d’Action Catholique dans le Comminges.

Conduite par M. le chanoine Ramon, une délégation de professeurs et d’élèves du Petit Séminaire de Montréjeau, assurait les chants liturgiques.
A quelques exceptions près ( MM. Bérradet, Madon, Carrère et Terce) tous les prêtres des vallées de Luchon assistaient à la cérémonie.
Ils étaient entourés, d’ailleurs, de nombreux prêtres du Comminges.
L’absence de MM. Tajan c.d. de l’Isle-en-Dodon et Duthil curé de Casagnabère fut d’autant plus soulignée
qu’elle était due à un accident d’auto…heureusement sans conséquences graves.

Parmi les notabilités civiles, avec tous les membres du Conseil Paroissial, à noter la présence de M. Alfred Coste-Floret, député-maire de Luchon,
et de M. Henri Blattès, sculpteur de Nice.

Une relique de Saint-Bertrand-de-Comminges et une relique de St Aventin, données en 1934 au curé actuel de Luchon
par M. l’abbé Th. Verdale, originaire de Gouaux-de-Larboust, et dont la mémoire vénérée reste vivace à Luchon où il fut aumônier de l’hôpital thermal pendant vingt ans,
ont été déposées et scellées (avec une relique de Ste Séverine, vierge et martyre) dans le petit caveau de la table d’autel.

La statue en acajou de l’Afrique Equatoriale Française est due au talent de M. Henri Blattès, sculpteur à Nice, a été bénite par son E. le Cardinal.
Son Excellence Monseigneur Garrone a eu la bonté et la délicatesse de célébrer la Sainte Messe ( la 1ère sur cet autel)
à la mémoire du bienfaiteur insigne : Monsieur Sarthe-Sarrivatet, ancien magistrat et ancien président du conseil de Fabrique de Luchon, décédé en 1891.
Tous les documents explicatifs de cette laborieuse et parfois décevante « affaire du legs Sarthe-Sarrivatet »
ainsi que toutes les pièces justificatives de comptabilité, constituent un volumineux dossier dans les Archives paroissiales.

Suivent les détails du produit de la vente du terrain Sarthe-Sarrivatet (2.400.00 frs) et des frais pour l’érection de la chapelle (1.083.380 frs).

Ainsi la somme de frs 1 million envoyée par l’Association Diocésaine le 30 janvier 1952 est dépassée de frs 83.380.
A ce déficit il convient d’ajouter 17.275 francs pour des achats divers ce qui porte le déficit total à 100.655 fr.

M. le curé-doyen qui prend à sa charge les frais de la cérémonie du 26 mai
(frais de déplacement et honoraires de M. le chanoine Martimort, de M. l’abbé Laffargue, du Petit Séminaire et du repas)
propose au Conseil paroissial de solliciter respectueusement de l’Association Diocésaine l’excédent du million qu’elle détient, soit 119.140 frs.
Messieurs les membres du Conseil finissent par acquiescer.
Mais avec fermeté ils émettent le vœu que la somme de un million qui reste fructifie au profit des œuvres paroissiales et au 1er rang des Ecoles privées,
et ce, en parfaite conformité à l’indult de Rome du 5 mai 1947 autorisant la vente du terrain Sarthe-Sarrivatet.
M. le curé-doyen s’engage à exprimer ce désir à son Eminence le Cardinal Saliège, Président de l(Association Diocésaine de Toulouse et à tenir le Conseil paroissial au courant.


15 Septembre 1953

Après réception d’une note (non datée) émanant de M. le Trésorier de l’Association Diocésaine et transmise par Mgr Chaussou
une mise au point a paru opportune à M. le curé qui en a confié l’étude au Président du Conseil Paroissial : M. G. Castaing.

« En ma qualité de Président du Conseil paroissial et sur la demande de M. le curé
je propose la réponse à donner à la communication faite par M. le Trésorier de l’Association Diocésaine
et transmise par Monseigneur Chaussou, vicaire général, le 4 septembre dernier.

1°) Sur le virement de frs 240.000 au C/CP de l’Association Diocésaine, la bonne foi de M. le curé a été surprise.
Il ne pouvait douter, en effet, de l’assurance formelle d’envoi qui lui avait été donnée le 18 avril 1953.
Le retard a été réparé le 12 septembre : M. le Percepteur a viré la somme au C/CP de l’Association Diocésaine.

2°) L’état des frais nécessités par l’érection de la chapelle de St Bertrand de Comminges a été volontairement incomplet.
Le Conseil n’a cédé devant la volonté de M. le curé que devant l’avantage de réserver un million pour les œuvres et spécialement pour les Ecoles paroissiales de Luchon.

3°) Une fois de plus, le Conseil paroissial exprime le vœu que ce million soit productif d’intérêt
et que son excédent soit versé à la paroisse afin d’amortir la partie des frais de la chapelle non encore soldés.

4°) Enfin, le Conseil paroissial estime qu’il est en droit de s’étonner que la somme de frs 153.183 ait été prêtée à son insu à M. le chanoine Barthas
et veut espérer que, sans tarder, elle rentrera dans le solde global. (Elle ne le sera que le 4 janvier 1955)
Il charge Monsieur le doyen d’exposer ces décisions du Conseil paroissial à Son Eminence le Cardinal Saliège. »


6 Septembre 1954

Faisant suite à la délibération du Conseil paroissial, réuni enséance extraordinaire le 15 septembre 1953,
les démarches laborieusement entamées auprès de l’Association Diocésaine par M. le curé ont abouti.

Le 23 mars 1953, Monseigneur Dessort, vicaire général et Trésorier de l’Association Diocésaine a remis à M. le curé de Luchon :

1°/ sept Bon du Trésor à fr 100.000…………………….700.000
cinq à frs 5.000…………………………25.000
2°/ deux obligations du Trésor à frs 100.000…….200.000
quatre à frs 10.000…………..40.000
3°/ en espèces…………………………………………………………………18.556
Total : 983.556
L’acte de décharge spécifie « que le prêt de la somme de 153.183 francs à Monsieur le chanoine Barthas sera rendu à M. le curé de Luchon ».

Conformément à l’indult de Rome décidant que le reliquat du legs Sarthe-Sarrivatet après l’érection de la chapelle de St Bertrand
en l’église de Luchon devait être géré « au profit des Ecoles ou des Œuvres paroissiales",
le Conseil paroissial a décidé de prêter ce reliquat arrondi à un million, à la « Maison Gascon », 42 Allées d’Etigny. Reste à fixer le taux d’intérêt .

Monsieur G. Castaing, en sa qualité de Président, demande avec force et conviction le 8%.
A ce jeu de trompette, les membres du Conseil à l’unanimité ne mettent aucune sourdine et approuvent le taux de 8%.
Le Conseil paroissial charge Monsieur Louis Pébernard, en sa qualité d’administrateur de la Maison Gascon, de faire sans délai homologuer
et signer l’emprunt par le Syndicat Ecclésiastique propriétaire de la Maison Gascon, sur le taux précité de 8%.

Reste le prêt consenti à M. le chanoine Barthas. A l’unanimité, le Conseil paroissial charge M. le curé de Luchon de réclamer annuellement l’intérêt.
En outre, il est spécifié que ce prêt restitué grossira le capital d’un million au profit des Ecoles ou des Œuvres paroissiales.

 


19 Décembre 1955

Monsieur le curé informe le Conseil que le 4 janvier 1955, le Trésorier de l’Association Diocésaine a restitué,
par virement postal, la somme de frs 153.183 – vierge de tout intérêt – qui avait été prêtée à M. le chanoine Barthas.
Elle est affectée aux agrandissements du Cours d’Enseignement Ménager.

 

11 Avril 1967

Monsieur le curé soumet à l’examen et l’approbation du Conseil la comptabilité de l’année écoulée. (…)
N.B. Les recettes ont été exceptionnellement augmentées par le remboursement du prêt
fait en 1954 par l’abbé Lordat à la Maison Gascon (Dernière tranche du remboursement 5000 Fr).

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Nous tenons à remercier Monsieur Jacques BERGEON pour les photographies des peintures
qu'il nous a très aimablement autorisé à reproduire.

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